Hello les zamies et les zamis,
On nous parle depuis des lustres de la "fair value".. avec ses travers (un actif détenu est nécessairement ajusté à sa valeur de marché, comme si on devait le liquider illico presto -malgré un investissement initial prévu pour durer, genre de l'immobilier locatif).
Pour faire un rapide paralléle avec ce que nous avons vécu dans le bilan des banques récemment... imaginons un investissement locatif fait par un particulier.....
Achat du bien : 100 K€
Financement : 100 K€
Rentabilité locative : on s'en tape (mais pourquoi pas 10 % ou plus).
Donc un "bon" investissement qui va se payer tout seul, que vous appréciez comme une excellente affaire (et vous avez sans doute raison).
On raisonne en mode "bilan"... la crise arrive.... les prix du marché immobilier baissent.... et c'est là que celà devient drole... la banque vous demande un nouvelle évaluation de votre bien TOUS LES 3 MOIS... qui a perdu en 2 ans (par exemple) 20 % de sa valeur.... elle compare cette nouvelle "fair value" à l'endettement qu'il vous reste à amortir... s'aperçoit qu'il y a un différentiel négatif en sa faveur.. et donc exige que vous fassiez immédiatement un apport d'argent frais pour équilibrer endettement et garantie (l'hypothéque sur le bien)... donc faut trouver du pognon.. vous n'en avez pas.. la banque ne veut plus vous en preter (forcément vous en devez déjà tant et en plus avec une garantie qu'elel juge désormais insuffisante)... bref vous êtes dans la merde....
C'est exactement ce qui s'est passé dans le bilan des banques.... plus le marché immobilier US baissait, plus il leur fallait trouver des capitaux propres pour compenser cette baisse de la "fair value"... et donc leurs bilans devennaient de plus en plus pourris etc etc... et lancer des augmentations de capital (avec des prix de marché sur leurs actions décoté de 60/70 %)... pas possible.
Donc voilà le premier effet "pervers" de la fairt value, estimer des actifs long terme comme s'ils devaient être liquidé à l'instant, malgré l'intention initiale et leur nature.
Désormais, et là vous allez voir c'est assez rigolo, la fair value s'impose tant pour les actifs que pour le passif....
A voir donc que les banques ont également des dettes..... des dettes de plus en plus mal notées avec l'affaiblissement de leur bilan....ET si on en revient à des choses simples, une obligation (un titre de créance) baisse lorsque les taux montent (bé oui quand votre bilan n'est pas bon.. il faut payer plus cher au marché pour qu'il accepte de vous preter ou parce que les Banques Centrales sifflent la fin des taux trop bas).
Je m'explique... une banque s'endette en emettant un emprunt obligataire... émis "au pair" 1000 € la part, rémunéré 4 % sur 10 ans (mettons que nous sommes en 2006, tout va bien madame la marquise).
Aujourd'hui cette même banque pour un emprunt identique devrait payer un taux de rémunération de combien ? 6% ? 7 % (spread de risque) ? ça on en sait pas grand chose. MAIS ce que l'on sait, c'est que ceux qui ont souscrit à la précédente opération ont une sacrée perte sur la valeur "spot" de leurs parts... (je ferais le calcul au bas du papier)... notament s'ils devaient vendre illico.. mais les porteurs sont tranquilles, ils seront au terme remboursés "au pair".. patience et longueur de temps font donc mieux que force ni que rage.
Là où ça devient drole dans les derniéres publications des bilans trimestriels bancaires (US et ailleurs) c'est que désormais cette perte de valeur (donc celle qui est normalement enregistrée par les porteurs de la dette souscrite.. donc les porteurs d'obligations.. pas l'émetteur... en théorie) est prise en compte !!!
Une obligation émise 1000 € qui est décotée quelques années plus tard à mettons 800 € se traduit via la "fair value" à une réduction de la dette dans le bilan !!!!!!!!!!!! donc à un "profit" !!!! bref plus vos dettes sont "pourries" et/ou "mal notées" ou votre rating (vous savez les fameuses notations AAA etc etc qui sont optimales avant crise et qui dégringolent une fois la misére arrivée) moins elles pésent dans votre bilan !!! et deviennent donc un gain "comptable" !!!!!!!!!!!!!! (le prétexte comptable est que si le débiteur rembrousait sa dette illico.. bé il ne la rembourserait pas au pair - prix d'emission - mais donc à la valeur du marché à l'instant T..... visiblement il y en a qui ne connaissent la différence entre la comptabilité et la magie....et le tout "décontrachsté" comme disait le regretté expert comptable Garcimore). A un détail prés.. une boite qui aurait donc un tel "gain" comptable sur sa dette, n'aurait certainement pas la capacité de la refinancer illico sur le marché... et de toute façon les porteur n'accepteraient pas d'être rachetés d'autorité.. sauf notification spéciale à l'émission, le porteur d'une obligation peut unilatéralement conserver sa créance jusqu'au terme.
On est pas bien là ? ce raffinement comptable ne nous porte t'il pas au nirvana ? moi je dis que oui.
Au fait, la dette à terme reste strictement identique, puisqu'un emprunt obligataire est remboursé au pair....
Bienvenu dans un monde meilleur.....
une oblig émise 1000 € à 4 % rapporte 40 € par an.
une oblig émise plus tard à 6 % rapporte 60 €.
donc celle émise à 4 % "rapporte moins".. donc au taux "nouveau" elle ne vaut plus que 666 € (666x6 % = 40 €).. sans tenir compte de la composante "temps" qui influence bien entendu ce calcul, mais qui le rend plus confus.
Donc un emprunt émis pour un total de 100 000 000... ne pése plus que 66 600 000 dans le bilan de l'émetteur.... donc un "gain" de 33 300 000... comptablement..... au terme il faudra bien rembourser 100 000 000......
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